Théorie : Une lecture existentielle de la Bible

Sujets : Rapport au texte
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Dans cette démarche, la lecture de la Bible a pour but de faire saisir au lecteur une parole qui le touche, l’interpelle, le questionne, l’encourage…et attend de lui une ré-ponse.


Cadre

Cette démarche nécessite un endroit calme où l’on puisse lire la Bible sans être dérangé. L’animateur a tout le loisir d’aménager l’espace comme il le souhaite.

Démarche

À travers un savoir -une compréhension du texte- on découvre une parole pour sa vie. Le but n’est donc pas d’accumuler des connaissances, mais bien plutôt d’y entendre comment le Dieu de Jésus-Christ se révèle, parle, rejoint chacun dans son existence pour l’ouvrir à une vie réconciliée, apaisée et renouvelée.

Il s’agit donc de s’impliquer dans le texte, de se laisser toucher. Tant qu’on se tient à distance, par exemple en ne laissant l’accès qu’à l’intelligence cérébrale, il manque tout le reste de son être, notamment cette intelligence du cœur qui guide aussi Jésus dans ses choix et ses actions, et que les Évangiles rendent, par exemple, avec cette expression « touché aux entrailles ». Une expression réservée à Dieu et à Jésus et qui littéralement signifie « sortir hors de soi », c’est-à-dire sortir de sa réserve, de ses pensées pour se pencher vers l’autre, celui qui est dans le besoin et agir pour lui. Un discernement et un geste qui ne viennent pas d’un devoir appris mais du cœur. La parabole du samaritain en est une illustration (Luc 10).

Voilà pourquoi cette lecture engage, elle ne laisse pas indemne parce qu’elle n’a de force que si le lecteur se risque dans la parole entendue pour lui-même, dans ce moment même de la lecture, dans ce temps de sa vie et y répond.

Par exemple, quand Dieu demande à Adam dans le jardin d’Eden (Gen 3) : « où es-tu ? » Dieu ne joue pas à cache-cache avec Adam, mais il lui pose une question non pas géographique, mais existentielle : où es-tu par rapport à Dieu ? (il se cache, il a peur), où es-tu par rapport à toi-même ? (il se cache en cachant sa nudité, il a honte), où es-tu par rapport à tes semblables, ici Eve ? (il se dérobe et agresse Eve en la rendant seule responsable)

La lecture existentielle amène le lecteur à répondre pour lui-même à cette triple question : où es-tu ?

Ou encore, lorsque Jésus demande trois fois à Pierre à la fin de l’Évangile de Jean (21) : « m’aimes-tu ? », et moi en tant que lecteur, qu’est-ce que je réponds ?

Les questions ne sont pas toujours explicites, il s’agit donc de les chercher dans le texte à travers un récit, une parabole, un événement passé, mais qui fait toujours sens.

Par exemple, la visite de Jésus chez Marthe et Marie. Deux sœurs qui reçoivent Jésus mais ont des attitudes opposées : Marthe s’active pour préparer un repas et Marie s’assied aux pieds de Jésus pour l’écouter. Marie a choisi la bonne part fait remarquer Jésus (sans dire la meilleure, il n’y a pas de jugement mais une invitation). Une manière de comprendre qu’on ne peut donner sans avoir reçu, il n’y a pas de service sans écoute et toute écoute conduit à servir. En d’autres termes, la lecture ne peut être moralisatrice mais existentielle, parce que chacun est tour à tour Marthe et Marie et amené à répondre à ces questions : où en est-il dans cette écoute ? où en est-il dans son engagement ?

De plus, ce qui touche un lecteur n’est pas forcément la même chose pour un autre lecteur. Il est bon de lire la Bible seul, mais aussi en groupe pour bénéficier de ce que les autres ont reçu. Une démarche qui conduit à la reconnaissance pour tous les bienfaits de Dieu dans sa vie et celle des autres.