Animation : ACCUEILLIR NOS LIMITES SOUS LE REGARD DE DIEU (3E SÉANCE) – GENESE 3.1-13

Publics : Adultes Avertis Familiers
Moyens : L'écrit La lecture La parole Le dessin
Méthodes : Aucun
Textes bibliques : Ancien Testament Genèse
Durées : Journée Longue (dès 1h30)
Guide de l'animateur (PDF)

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Une animation biblique pour réfléchir à la place centrale des limites dans nos vies, à nos rapports aux limites, pour les apprivoiser et même les recevoir comme grâce du Créateur.


Contexte initial

Cette fiche a été pensée à la fois en lien avec la thématique proposée par l’événement hackmybible.fr 2021 (« Écologie intérieure ») et le colloque « Les responsabilités chrétienne dans la crise écologique » (du 22 au 24 février 2021) et tout particulièrement la présentation de Patrice Rolin intitulée « La crise écologique comme crise spirituelle du rapport à la limite ». Créée par des membres de l’équipe de pilotage de animationbiblique.org, cette animation vise à questionner nos rapports à la limite dans la Création. Elle a été créée en 3 étapes (1. La limite au centre, 2. Malheur et bonheur, 3. Accueillir nos limites sous le regard de Dieu) mais chacune d’elle peut être faite séparément et de façon autonome.

Progression :

  • La 1re séance explore les limites dans nos vies et dans le texte biblique
  • La 2e séance interroge les notions de bonheur et de malheur
  • La 3e séance invite à l’accueil libérateur de nos limites sous le regard de Dieu

Intérêt

  • Réfléchir à l’écologie intérieure à partir de Genèse 2–3
  • Comprendre et expérimenter de façon positive la notion de limite

Aspects pratiques

Pour l’entrée en matière :

  • Disposer d’un paperboard (avec suffisamment de grandes feuilles) et de feutres
  • Prévoir des feuilles blanches et des feutres pour les participants

Pour la visite guidée du texte :

  • Fournir aux participants le montage du texte de Genèse 2.8-9, 15-17, 3.1-13 mis en page de façon à bien distinguer la narration et les différentes prises de parole (à télécharger ici)
  • Disposer d’un paperboard (avec suffisamment de grandes feuilles) et de feutres

Pour les temps d’appropriation :

Pas de matériel spécifique

Déroulement

3e séance “Nos rapports aux limites” (Gn 3.1-13)

Accueil (5 mn)

Accueillir les participants.

Si la 2e séance a été faite, en faire un rappel et demander à chacun et chacune de formuler brièvement un élément important qu’il ou elle a retenu de la deuxième séance autour des arbres du jardin, du bonheur et du malheur… sans mise en débat ni réaction.

Entrée en matière (25 mn)

Après une minute de réflexion silencieuse, demander à chacun et chacune de citer, un exemple de discours, de comportement ou de réalisation humaine qui révèle un rapport particulier à la limite (acceptation ou refus, résignation ou négation, respect ou transgression…). Ça peut provenir de la publicité, des jeux, du sport, de la vie quotidienne, la consommation, l’économie, la politique, l’art, la religion, la médecine, la science, la conquête spatiale… Bref dans n’importe quelle dimension de la vie.

Au fur et à mesure des interventions, inscrire au tableau des formulations ou slogans, évoqués par les participants (à titre d’exemples, “dépasser ses limites”, “toujours plus”, “jusqu’à plus soif”, “liberté totale”, “sans entrave”, “être dans la toute-puissance”, “se prendre pour Dieu” “No limit !”, “jouer avec la mort”, “la mort de la mort”… ou au contraire “savoir accepter ses limites”, “on ne fait pas toujours ce qu’on veut”…) (20mn).

À l’issue de cette collecte, proposer au groupe de tenter d’évaluer ces différents rapports à la limite, sans faire d’argumentation : positif pour le bonheur individuel et le bien de l’humanité, légitimes, selon la volonté de Dieu, ou négatifs et dangereux pour l’individu, la société ou la planète, contre la volonté de Dieu (5mn).

Visite guidée (40 mn)

Avoir deux grandes feuilles vierges.

Tous les participants disposent du même texte (Gn 2.8-9…15-17 & 3.1-13).

Demander à un participant d’assurer la lecture de Gn 3.1-13 à haute voix (on pourrait aussi avoir plusieurs lecteurs et lectrices en répartissant les rôles : le narrateur, le Seigneur Dieu, l’homme, la femme, le serpent).

Durant la lecture, les participants sont invités à repérer toutes les mentions des arbres ou d’un arbre particulier ; ils pourront souligner ce qu’il en est dit ou fait par les différents personnages. (5mn)

Après la lecture, constituer deux sous-groupes de 3-4 personnes. Un des sous-groupes se fait le témoin du chapitre 2, l’autre groupe est le témoin du chapitre 3. Le premier groupe raconte comment s’est passé la scène d’après le chapitre 2. Puis, l’autre groupe raconte comment la scène s’est passée d’après le chapitre 3. Toujours en utilisant les mots exacts du texte biblique lorsqu’il y a des paroles des personnages.

Demander à quelqu’un de faire l’enquêteur. Il ou elle cherchera à faire parler les deux sous-groupes de témoins pour savoir ce qu’il s’est réellement passé. Les autres participants sont observateurs.

Puis, demander aux observateurs de repérer quelles sont les différences, les écarts (un mot, une expression…), ce qui les a provoqués et ce qu’ils induisent (rester dans le texte aidera). (20 mn)

Suggestions de réponses pour l’animateur ou l’animatrice et que les observateurs devraient trouver :

  • “tous les d’arbres du jardin interdits par Dieu ?” interroge le serpent en 3.1…

Demander aux participants : sur laquelle des trois feuilles écrire ce que dit le serpent puisque qu’il étend à tous les arbres du jardin l’interdit que Dieu avait réservé au seul arbre de la connaissance du bonheur et du malheur ?

Après un court temps d’échange des différentes opinions à ce sujet, on pourra s’interroger et partager sur le trouble expérimenté à cause de cette confusion.

(peu importe la solution d’inscription trouvée, on pourra par exemple écrire sur la feuille vierge correspondant aux arbres du jardin “supposés tous interdits selon le serpent”, et écrire “suggéré par le serpent comme identique à tous les arbres du jardin” sur la feuille vierge correspondant à l’arbre de la connaissance du bonheur et du malheur). (5mn)

  • “Nous pouvons manger des arbres du jardin” répond la femme en 3.2…

Après avoir demandé aux participants, on peut sans hésitation écrire cela sur la feuille vierge correspondant à “toutes sortes d’arbres du jardin”.

  • En 3.3, nouvelle hésitation : la femme parle en effet de “l’arbre qui est au milieu du jardin” et lui attribue l’interdit divin…

Demander aux participants : de quel arbre parle la femme puisque qu’en Gn 2.9 c’est l’arbre de vie qui est au milieu du jardin ?

Après un court temps d’échange des différentes opinions à ce sujet, on pourra s’interroger et partager sur le trouble expérimenté à cause de cette confusion.

Comment comprendre que suite à la question biaisée du serpent l’arbre interdit est devenu pour la femme l’arbre central du jardin ?

Qu’est-ce que cela nous dit sur l’attrait de l’interdit, le désir de transgression, le dépassement des limites ?

(peu importe la solution d’inscription trouvée, on pourra par exemple écrire sur la feuille vierge correspondant à l’arbre de la connaissance du bonheur et du malheur “devenu central pour la femme”). (5mn)

  • En 3.4-5, quelles nouvelles qualités le serpent attribue-t-il à l’arbre de la connaissance du bonheur et du malheur ? Comment explique-t-il l’interdit divin ?

On pourra écrire les réponses données par les participants “d’après le serpent…” sur la feuille correspondante.

  • Enfin, en 3.6 la femme constate que l’arbre défendu cumule les qualités des autres arbres du jardin (2.9) et offre en plus un discernement désirable…). On notera sur la feuille de l’arbre de la connaissance du bonheur et du malheur les façons dont les participants rapportent ce que le narrateur dit des sentiments de la femme à l’égard de cet arbre.

Inviter le groupe à s’interroger sur le regard que la femme porte désormais sur cet arbre : la femme se trompe-t-elle en considérant que la consommation de cet arbre apporte le discernement ? (voir 3.7 et 3.22) (5mn)

  • Un figuier fait son apparition en 3.7, son feuillage est utilisé par les humains pour dissimuler leur nudité l’un à l’autre, comme en 3.8 les arbres du jardin, sont utilisés pour se cacher de Dieu…

Proposer au groupe de s’interroger sur ce que représente l’état de nudité sur lequel les yeux humains s’ouvrent et qui leur inspire la peur (3.10). Après quelques minutes d’échange, l’animateur ou l’animatrice pourra proposer aux participants de lire l’un après l’autre les versets bibliques suivants : Deut. 28.48 ; Amos 2.16 ; Esaïe 20.2-4 ; Job 1.20-21 ; Job 24.7-10.

Dans tous ces passages bibliques qu’évoque la nudité dont il est question ? (la soumission du vain­cu, l’humiliation du pri­son­nier de guerre, la fragilité du nourrisson et du mourant, la misère des pauvres…)

Comment ces différentes images de la nudité permettent-elles de comprendre ce sur quoi les yeux des humains s’ouvrent dans notre passage ? (10mn)

Enfin, en 3.11, Dieu confirme qu’il avait interdit cet arbre désormais consommé…

Conclure cette visite guidée par un échange autour de la question suivante :

Qu’est-ce qui a changé pour les humains du récit entre le temps d’avant et le temps d’après que leurs yeux se soient ouverts (qui est notre temps) ? Du point de vue de la conscience de soi et de sa condition, du point de vue de la fragilité et de la finitude, du point de vue du rapport entre l’homme et la femme, du point de vue du rapport à Dieu…

Écrire les suggestions des participants sur une grande feuille partagée en deux colonnes verticales (ou deux feuilles) intitulées “AVANT” et “APRÈS” (on pourrait aussi dessiner un œil fermé et un œil ouvert). Pour chacun des points de vue considéré, on négociera avec le groupe quelques mots ou une formulation brève pour décrire la situation “avant” et la situation “après” (10mn).

Appropriation, actualisation (20 mn)

Pour terminer ce cycle d’animations, les participants peuvent s’approprier l’une ou plusieurs de ces quatre questions ci-dessous qui seront affichées. Le but est de prier personnellement et individuellement au sujet de l’une ou plusieurs d’entre elles (ces questions peuvent être affichées dans des salles différentes pour faire un parcours de prière).

Avant de prier, penser d’abord à réfléchir à un symbole simple et marquant qui corresponde à une idée clé par rapport aux questions choisies avant de prier (par exemple : pour le sabbat, poser son téléphone portable plus loin, ou l’éteindre).

  • Nous-mêmes qui avons les yeux ouverts et qui connaissons notre condition de créatures fragiles et limitées, quels rapports avons-nous à nos propres limites, à celles des autres et aux limites de notre terre ?
  • Comment distinguer la légitime volonté d’améliorer notre condition et celles des autres, et le dangereux désir du dépassement de toute limite pour “devenir comme des dieux” ?
  • Comment retrouver le sens du sabbat, de la sobriété et de la lenteur, pour résister à la tentation du “toujours plus” et du “tout, tout de suite” ?
  • Quelles grâces pour nous-mêmes, pour les autres et pour la terre, sont offertes par l’accueil de nos limites sous le regard bienveillant du Créateur ?

—o0o—

« Ayez entre vous les dispositions qui sont en Jésus-Christ :
lui qui était vraiment divin, il ne s’est pas prévalu d’un rang d’égalité avec Dieu,
mais il s’est vidé de lui-même en se faisant vraiment serviteur,
en devenant semblable aux humains ; reconnu à son aspect comme humain
(Lettres de Paul aux Philippiens 2.5-7)